Études psychopathologiques

A l’aube du processus de développement de la personalité, le nourisson, incapable, disait déjà Freud, de se suffire à lui-même, est de ce fait exposé à des frustrations précoces, dont les conséquences diverses présentent un facteur commun qui tient dans l’incapacité du moi psychique et corporel à prendre corps. Encore observera-t-on que l’intégrité fonctionnelle du moi pleinement constitué dépend d’une constante alimentation sensitivo-sensorielle: c’est ce que prouvent amplement les expériences de déprivation chez l’adulte.

Chez l’adulte également, il arrive que se brise le fil souple et continu du moi – et l’on retrouvera le bouleversement de la naissance, mais éprouvé en miroir par la femme qui enfante. En effet, les accès psychopathologiques traduisent une rupture dans la continuité de l’organisation du moi. Observée à travers les accidents psychotiques du post-partum, tout comme à travers l’accès de manie ou à travers certains visages singuliers de la dépression, une telle rupture contraste avec l’organisation psychique de l’hystérie, tout entière tramée selon le mode de la théâtralité.

Si l’hystérie soulève la question du désirer, de l’avoir et du paraître, les psychoses, elles, posent avant tout, et posent tragiquement, la question de l’être. Elles nous font donc étudier comment s’organise le self, le soi ou le je dans ce que l’auteur appelle la „personnation“, et comment il défaille dans les dépersonnations psychotiques.

C’est sur le réel, ce réel qui d’ordinaire va de soi comme l’air qu’on respire et que la psychose met à nu, que se terminera ce premier recueil de travaux psychopathologiques.